« Quand j’suis arrivé le premier jour en formation BAFA, j’me suis dit “c’est quoi ces gens là ?”. Et quand j’suis parti j’me suis dit “mais pourquoi c’est fini ?” ».
Il est vrai, que pour une personne extérieure au monde de l’animation, les premières heures d’une formation BAFA peuvent être singulières, curieuses voire effrayantes. L’auteur de cette phrase est un stagiaire ayant suivi la première partie du cursus du 4 au 11 mars 2012, au sein du lycée Notre de Dame de Sion à Saint-Omer (62).
Notre session a débuté le dimanche matin à 9h00 par un accueil café et croissants. La salle avait été préalablement décorée sur le thème du jeu et de l’enfance. Malgré des efforts pour rompre les silences et engager des discussions, chacun s’observe, hésite à se déplacer, réfléchit à prendre un jus de fruit et, attend, tout compte fait avec impatience, que la journée commence. Le groupe se compose de trente trois jeunes : 17 filles et 16 garçons !
Tous les stagiaires nous ayant rejoints, nous les invitons à investir la salle de travail. Il s’agit d’une salle de classe du lycée réaménagée pour l’occasion. Sur chaque table, un classeur bleu AFOCAL attend son futur propriétaire. Le déroulement de la journée ayant été présenté, la consultation du classeur et de l’emploi du temps commence. Les premières prises de paroles apparaissent enfin lorsque les conditions matérielles du stage sont présentées : les heures des repas, le coin des pauses, l’utilisation des locaux…
Après une rapide présentation du stage, un temps d’animation est organisé par l’équipe de formateurs pour que chacun apprenne à se connaître. Peut-être que les situations d’échanges, que nous avons provoquées avec ces premiers jeux, sont à l’origine de l’expression “c’est quoi ces gens là”.
En effet, chanter, jouer ou se transformer en domino humain, sont des situations inédites qui viennent rompre avec le quotidien de ces jeunes. Ces premières mises en situation donnent aux formateurs l’opportunité de présenter les objectifs de la session, ses méthodes, ses enjeux et la place que nous attendons des stagiaires.
La session est immédiatement présentée aux stagiaires comme une passerelle vers le monde de la responsabilité, le BAFA étant une phase de transition entre l’adolescence et l’âge adulte. A ce moment là, les regards semblent peu convaincus par l’intervention. Nous pouvons les comprendre : comment en si peu de temps, huit jours, un tel acte d’émancipation peut-il avoir lieu ?
Et pourtant, l’alchimie créée par la vie en internat, l’organisation de jeux, d’activités, de chants… accompagnera chaque stagiaire dans cette expérience unique, à la fois personnelle et collective.
Passer son BAFA est un investissement personnel fort. Les travaux demandés par les formateurs font appel à des aptitudes que les jeunes stagiaires n’ont pas forcément l’habitude de mettre en oeuvre : apprendre à travailler avec l’autre, à faire des projets, à en parler, à en délibérer.
Lieu de culture et de débat, le BAFA fait découvrir des compétences parfois ignorées jusque là. Les sentiments ressentis sont souvent inédits.
L’internat, avec les contraintes de la vie collective a un effet démultiplicateur. La vie de groupe impose un engagement individuel et collectif. Les conditions de vie sont similaires à celle rencontrées dans un séjour de vacances. En essayant de plier la réalité à ses désirs, les stagiaires découvrent les contraintes, celles qui viennent du groupe, de même que celles qui viennent de leurs propres limites ou des conséquences de leurs choix.
Véritable capital social pour la vie professionnelle et personnelle, le BAFA est bien plus qu’une simple formation. Délivrant des compétences et connaissances directement transposables à d’autres domaines, il se présente comme une expérience humaine inédite, un évènement dans la vie des stagiaires, qui, le dernier jour, se demandent : “mais pourquoi c’est fini ?”.
Thierry MATHIEU,
Directeur de session